jeudi, janvier 19, 2006

Outreau ou les consensus

Je voulais encore vous parler de l’énergie nucléaire et puis finalement non. On verra plus tard, encore une fois.

Je voulais donc parler un tout petit peu d’Outreau. J’ai vu quelques extraits des témoignages de ceux qu’il faut bien appeler les victimes désormais d’un fiasco terrible et terrifiant. Je ne sais pas ce qui s’est passé exactement, je ne sais pas comment et à quel point le juge, les policiers, bref toute l’institution a pété les plombs. Je ne sais pas à quel point le fonctionnement même du système est mauvais parce que je ne sais pas bien (mais alors pas bien du tout !) comment fonctionne notre système judiciaire. Toujours est-il qu’un consensus d’émotion s’est formé pour s’indigner et demander une modification des règles de l’instruction. Mais est-ce bien rassurant, un tel consensus ? Parce qu’un consensus, il y en avait un aussi, pendant l’instruction, un consensus qui disait que ces gens là était des salauds, d’infâmes pervers. Ce consensus là, il a fortement participé au pétage de plombs, bien amené par les médias. Il a plus que probablement maintenu le juge dans ses certitudes. C’est une évidence mais il faut se méfier des consensus, ils sont le terreau des aveuglements collectifs. Bien entendu, le consensus est confortable, agréable mais ce confort là peut vite se transformer en une terrible erreur de jugement.

Alors attention, attention aujourd’hui de ne pas s’acharner sur ce juge d’instruction, parce que, déjà, dans les médias, c’est un salaud. C’est trop simple, trop facile, parce que, comme d’habitude, cela dédouane trop de monde, trop de systèmes, trop vite. Il n’y a pas que le juge, les experts ou la justice. Il y a aussi les médias qui ne respectent que trop peu la présomption d’innocence et il y a nous, la masse, le peuple, qui buvons et croyons trop facilement ce que nous disent les journalistes. Il y a une distance à respecter par rapport à l’information. Cette distance, nous ne l’avons que trop peu, surtout lorsque l’émotion s’en mêle. Les médias savent nous attendrir parce qu’ils y ont intérêt, donc c’est à nous, les informés de faire la part des choses, en toutes circonstances.

Chacun doit balayer devant sa porte après une telle débâcle et nous devons nous souvenir que les vies et les familles brisées d’Outreau le sont aussi, je pense, un tout petit peu, par notre faute.