lundi, décembre 12, 2005

Sympathie, Spleen et Solitude

Voici trois mots que l’on trouve à la lettre « S » du Petit Robert. Trois mots qui résument à merveille ce moment de ma vie. Pour ne rien cacher, je viens d’avoir 26 ans (hier). C’est une vingt septième année qui ne commence pas exactement comme je l’avais espéré.

Dans la voiture qui me ramenait, dimanche très tôt le matin, du pub où j’ai terminé ma soirée d’anniversaire avec deux amies et un ami, je me suis rendu à l’évidence de ce qu’était devenu ma vie. Je suis devenu le copain sympa, le type qu'on aime bien (tout est dans le « bien »), que l’on prend plaisir à voir mais rien de plus. Un homme que l’on souhaite compter parmi ses amis mais pas parmi ses amants. Ami oui, amant non. J’ai la désagréable impression d’être devenu trop gentil, trop sympa. Plus grave même, j’ai le sentiment parfois d’être transparent : un homme sans odeur, sans saveur, qu’on ne remarque plus. Je me souviens d’un temps (pas si lointain finalement, trois ou quatre ans) où je me comportais comme un sale con insupportable et arrogant. J’ai changé, comme tout le monde, je suis moins con (du moins je me plais à le penser), plus lisse. Alors on ne me remarque plus. Je préférais finalement provoquer le rejet que l’indifférence. Il n’y a rien de pire que l’indifférence. Je suis maintenant indifférent aux yeux des gens parce que je ne bouscule plus leurs valeurs et leurs jugements. Je suis, volontairement et involontairement, rentré dans le rang et je ne suis plus très sûr que ce soit ce qu’il fallait faire. Plus d’inimitié mais de l’indifférence … Bien joué … Si bien que je me demande s’il ne faut pas que je redevienne un peu plus con et beaucoup plus égoïste. Cet égoïsme que j’ai eu tant de mal à chasser, voilà que je le regrette. Devenu un grand pourfendeur du « chacun pour sa gueule » (et tout pour la mienne), j’ai bien envi d’y revenir ! Trop gentil, vraiment… une sorte de début d’incarnation du « trop bon, trop con » d’une certaine manière. La morale de cette histoire, j’en ai bien peur, c’est que la sympathie ne paye pas, dans le sens où elle ne vous rend pas plus attirant, bien au contraire en fait …

Attirant, voilà un adjectif que je voudrais bien mettre en pratique. Oui mais voilà, l’attirance ne s’invente pas, ne se commande et se provoque difficilement de mon point de vue. Vous l’avez compris, la solitude me pèse. C’est une trop vieille compagne de laquelle j’aimerais vraiment divorcer. Hier dimanche était donc le jour de mon anniversaire, ce fut une journée extraordinaire vraiment : je n’ai vu personne de toute la journée … Bien sûr, des amis étaient autour de moi samedi soir mais dimanche, ce dimanche-là plus encore que les autres, je souhaitais le passer avec une femme, une femme que j’aime. Et dimanche matin, pas plus que dimanche soir, pas plus que ce soir non plus, il n’y a de femme à mes côtés, personne que je retrouve le soir en rentrant du boulot, personne avec qui partager les impressions de la journée. Un couple d’amis proches se disputait lorsqu’ils sont arrivés chez moi samedi soir. En les regardant se lancer quelques remarques acerbes et sachant que quelques heures plus tard ils tomberaient dans les bras l’un de l’autre, je me disais que j’adorerais me disputer puis me réconcilier moi aussi… Oui mais voilà, avant de se disputer, il faut déjà être deux et s’aimer (et ils s’aiment ces deux-là, je peux vous le dire !). Ces deux dernières choses me semblent si loin aujourd’hui que j’ai écrit ce petit mot, l’expression du spleen d’un type plutôt sympathique que ronge la solitude.